2022 - Mer Baltique, Archipel Danois, Côtes Suédoises d'Ouest en Est

Le défi des midship est à peine terminé que Griffon et Rouvelon s’élancent vers la Manche et la mer du Nord. Ils ont rendez-vous à Kiel à la mi-juin avec Kanthaka pour découvrir la Baltique.

La Baltique. Cette immense étendue quasi lacustre d’une superficie d’à peu près l’Allemagne. Les marées y sont inconnues, les courants très faibles, quelque fois engendrés par les vents, la mer est plate entre les dizaines de milliers d’iles qui jonchent les côtes et entre lesquelles on slalome à l’envi aux gré de vents bienveillants et sous un soleil bien chaud malgré la latitude élevée. Une destination magique pour la navigation de plaisance.

Kanthaka a quitté Lorient il y a 2 semaines et amorce sa descente le long du Skagerrak, à travers le Bohuslän. Cet archipel de l’ouest Suédois, qui s’étend de la frontière norvégienne à Göteborg est peuplé de plus de 8 000 iles. Le contraste entre ces cailloux de granit rose dénudés et les reflets de la mer est saisissant, apaisant. Les abris sont nombreux pour y mouiller et les touts petits ports très dépaysants avec leurs pontons lacustres sur pilotis et leurs maisons peintes en rouges. Hunnebostrand avec ses collines dans la brume. Smögen, construit sur la roche. Slussen, au pied d’une paroi rocheuse. Peu de monde en cette fin mai. Il faut dire que l’air est encore un peu frais.

Griffon et Rouvelon font leur jonction à Kiel à la mi juin et rejoignent Kanthaka 2 jours plus tard au sud de l’archipel Danois. Ensemble, ils remontent vers Copenhague, navigant entre les iles. Les ports sont petits et accueillants Le relief est bas. Les fonds aussi sont bas de plancher… Mieux vaut une bonne carte pour slalomer entre les hauts fonds qui sont partout. On touche ! On se dégage… et on recommence.

De Copenhague on contourne la côte sud de la Suède. Une côte basse, des plages. On passe assez vite. Non sans un arrêt à Christiansø, à 10 miles au nord est de l’Ile de Bornholm. Un magnifique petit port de garnison niché entre 2 iles. Et à Utklippan, minuscule port au pied d’un joli phare, entre deux cailloux peuplés de pingouins, au milieu de nulle part.

Nous amorçons la montée vers Stockholm. Kalmar, son château et son centre ville baroque, bien protégé par l’ile d’Öland. Au Nord est de l’ile de Gotland la petite ile de Fărö, au paysage aride et rocailleux, avec ses colonnes de calcaire sculptées par la mer, asile d’Ingmar Bergman.

La remontée vers Stockholm est fantastique. On slalome entre les dizaines de milliers d’iles qui tapissent les archipels d’Östergötland et de Stockholm. Les conditions de navigation sont particulièrement clémentes. Pas de marée, pas de courant, seulement engendrés par les vents, et de l’eau « presque » partout. Un soleil qui réchauffe bien.

Si en pleine eau, la brise lève des vagues courtes et cassantes, la mer est parfaitement plate dans les archipels. Quand on sort des sentiers balisés, la nature est fabuleuse. Paysages lacustres. Des cailloux boisés qui flottent partout mais accores au point qu’on peut s’y amarrer facilement. Multiples abris, où les déjeuners sont reposants et les soirées sont longues et apaisantes à contempler des couchers de soleil féériques. Gruvbryggan, Napoleonviken.

De minuscules petits ports pouvant tout juste accueillir nos trois bateaux. Svärdsklova, Fifăng. Les prix sont très raisonnables. On paye le plus souvent avec une machine ou par internet dans les lieux les plus isolés. Et les services sont au top. Des sanitaires en nombre et très propres, même s’ils sont quelquefois exotiques sur les iles où l’eau se fait rare. Relaxation garantie au sauna. Tables et bancs pour pique-niquer et même des barbecues à disposition, quand on ne vous propose pas le tas de bois pour les alimenter.

En revanche, les shipchandler sont bien cachés et on ne trouve au-delà de Kalmar que des bouteilles de gaz au format Suédois. Pas de problème pour l’avitaillement, bien qu’il faille se familiariser avec la langue qui n’est pas toujours très intuitive.

Les cailloux sont partout. On raconte qu’il y a, en Suède deux catégories de plaisanciers. Ceux qui se sont déjà frotté aux cailloux et ceux qui vont le faire. Le labyrinthe des iles nécessite une navigation des plus attentives. Le traceur est indispensable dès qu’on s’écarte des chemins fréquentés et on le préférera dans le cockpit pour l’avoir en permanence sous les yeux. Les cartes sont précises et fiables. Et il y a une très belle appli qui décrit précisément tous les ports et mouillages. Le balisage est très bien fait quoique quelques fois un peu rare. Pas mal d’appréhension au début, mais on apprend vite à s’y fier. Et puis quand on touche, il y a les collègues pour nous tirer de là.

Comme dans toute croisière, les rencontres sont très enrichissantes. Dans ce pays du nord, elle sont particulièrement chaleureuses. Nos pavillons Français ne laissent pas indifférents. Vous êtes venus de si loin ? Le président du Yacht Club Classique Scandinave qui nous invite à un rassemblement à Västevik. Deux jeunes suissesses en vadrouille de longue durée sur un petit classique. Un Français (le seul rencontré) qui nous a vu arriver et qui va traverser toute la baie pour nous rencontrer. Cette jeune suédoise, maîtrisant parfaitement le Français, qui organise des croisières dans l’archipel de Stockholm. Cet habitant d’un tout petit port tout au Nord du Bohuslan qui nous invite spontanément chez lui. Cet accueil chaleureux chez les Chantereau. Ou ces maitres de port qui se mettent en quatre pour nous.

Et puis il y a la convivialité entre les équipages. On y est habitués au YCC mais on ne s’en lasse vraiment pas. Ces pots chaleureux sur le pont ou dans nos carrés. Ces repas partagés sur les tables et bancs des ports. Ces grandes tables animées dans les restaurants. Ces soirée autour d’un verre à contempler le soleil qui s’éteint dans les terres.

Dans les archipels on trouve des mouillages sûrs tous les 2 ou 3 miles. Certaines entrées ne mesurent que quelques mètres, mais ça passe. Il n’y a quelques fois de place que pour un bateau à l’évitage. Quelques bouées parfois. Et on apprend à s’amarrer à la suédoise. La proue sur le caillou et une ancre à l’arrière. Ou carrément le long du caillou comme le long d’un quai. Les amarres sont prises sur des pitons scellés sur les rochers ou sur des pitons d’escalade qui font partie de l’accastillage de bord.

Changement d’habitude aussi dans les ports. Point de catway mais le plus souvent un amarrage la proue sur le ponton et entre deux pieux à l’arrière, voire sur une bouée ou sur une ancre. Un coup de main à apprendre en observant les manœuvres des locaux.

Rouvelon a amorcé sa descente le lendemain de son arrivée à Stockholm et a rallié Les Sables après 3 semaines de mer. Il aura parcouru 3 500 miles en 11 semaines de navigation. Griffon a dû faire une escale technique à Copenhague avant de rejoindre La Rochelle. Kanthaka est resté pour poursuivre son tour de la Baltique par les pays Baltes l’été prochain.

La météo ? Excellente, voire surprenante. On s’attendait à bien plus difficile. Un peu frais fin mai dans le Skagerrak. 3 jours de coup de vent en début de séjour. Quelques pétoles. Mais en général une petite brise très sympa. Plus chaud sur la côte Est de la Suède avec des températures de 20 à 22 degrés, et une eau à 18 degrés. Beaucoup de soleil et très peu de pluie. Difficile d’espérer mieux.

Les destinations de navigation ne se ressemblent pas. Elles sont toutes différentes, et elles ont leur charme particulier. Mais la Baltique est sans doute un des endroit le plus magiques pour la navigation de plaisance. Un paradis pour les voileux. A vivre impérativement !... Bonnes navigations.

 

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